Comment vivre dans
une telle situation ?
La
situation est tellement pénible qu’on ne sait à quel saint se vouer.
Monsieur
Remy Mogbaya, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne sait plus à qui il peut
confier la démarche à faire pour se faire entendre par ceux là qui détiennent
encore ce qu’il devrait gagner depuis longtemps. Il s’agit là des sociétés
para-étatiques comme INSS et CADECO.
Monsieur Mogbaya Remy |
En
effet, né à Monzamboli dans le groupement Yalombo, dans le territoire de Bumba, le 09 avril 1933, monsieur
Remy Mogbaya s’inscrit à l’école primaire Saint André, l’actuelle Ecole Primaire
Lokole, où il achève ses études primaires en 1950. Il s’inscrit ensuite à
l’Ecole d’Apprentissage Pédagogique (EAP) à Yambuku vers fin 1952, à l’issu de
laquelle il devint enseignant pendant un an dans l’école même qui l’a formé,
c’est-à-dire, l’Ecole Primaire Lokole de Bumba en 1953. Il y a enseigné de
grande personnalité comme Monseigneur Maemba de diocèse de Lolo.
Rompant avec la carrière de l’enseignement, la trouvant peut-être moins
fructueuse, il est promu receveur comptable dans l’administration
coloniale de la Cité de Bumba en 1954, tâche qu’il poursuivra jusque pendant la
deuxième république, aux années 1975.
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Document relatant la decision de l'INSS d'attribuer la pension à Mr Mogbaya |
Puis,
à la même année il est nommé Chef de poste de SCIBE-Zaïre, l’entreprise du
Grand homme d’affaires Jeannot Bemba Saolona. Il quitte alors Bumba et
s’installe à la localité Moenge (sur la rivière Itimbiri à environ 42 km à
l’Est de Bumba) son nouveau poste d’attache jusqu’en 1998, l’année de sa retraite.
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Brevet de prestation sociale de Monsieur Mogbaya au près de l'INSS/Bumba |
C’est ici que les choses commencent à se compliquer pour notre pensionné.
Le service d’Etat qui prend en charge les pensionnés, à savoir l’Institut
national de sécurité sociale, INSS en sigle, était inexistant à Bumba. Notre
monsieur (comme d’ailleurs beaucoup d’autres pensionnés du territoire de Bumba)
a vécu pendant treize ans un moment de vache maigre, période pendant laquelle
le service de l’INSS, absent du territoire de Bumba, mais fonctionnant à
distance dans la ville de Mbandaka, le chef lieu de la province de l’Equateur,
ou dans la ville de Lisala, le chef lieu du district de la Mongala, ne faisait
que bouffer son argent.
Siège de l'INSS à Bumba (situé à l'ancienne concession de Général Bobozo, puis revendiquée plus tard par le pauvre Debikumu Silva Libanza de la famille FERERA) |
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Documents de perception de la pension de Mr Mogbaya au près de l'INSS. On peut y voir quelques trimestres non payés |
Dieu
merci, c’est à l’ouverture de la succursale INSS à Bumba, à partir du début de
l’année 2012 que notre pensionnaire s’est mis à toucher sa pension. Il perçut
les 1e, le 2e et le 3e trimestre de l’an 2012.
Mais, le quatrième trimestre, le dernier de l’an 2012 ainsi que le premier
trimestre 2013 ne sont pas encore payés…
Comme si le malheur ne vient jamais seul, le pauvre monsieur Mogbaya
s’est encore buté à une autre réalité faisant spécialité congolaise : le
manque de remboursement de la somme épargnée à la CADECO.
Siège de la CADECO à Bumba sur la route 'Manga' |
Notre monsieur a, avec la débrouillardise à laquelle les congolais sont habitués,
réussi à réunir un montant qui, au lieu de l’utiliser pour sa famille, songea à
l’épargner. Il ouvrit naïvement un compte d’épargne à l’entreprise étatique
d’épargne dénommée CADECO (Caisse générale d’Epargne du Congo) où il versa une
bagatelle de 600 dollars à compte bloqué
de trois mois depuis le 17 décembre 2010, à l’échéance duquel il tenta de se
faire rembourser, d’abord une partie de son argent, puis la totalité du
versement estimée aujourd’hui au mois de mars 2013 à 714 dollars US, vu les
intérêts y générés.
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Lettre de revendication pour remboursement des clients de la CADECO |
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Suite de la lettre |
Monsieur Mogbaya, avec dix-sept autres clients de la CADECO ayant les
mêmes revendications, tenta mais en vain de se faire rembourser. Ils
rencontrèrent à plusieurs reprises le gérant de la CADECO, un certain Jean
Pépin Ebénga qui évoqua le manque de liquidité à la caisse et ne leur fournit aucun
argument d’espoir pour essayer de calmer tant soit peu leur douleur. Voici
ci-après les genres des déclarations du gérant : « La liquidité
est emportée en partie par la hiérarchie, c’est-à-dire la direction générale à
Kinshasa et même la direction provinciale de Mbandaka qui ont exigé le
transfert de liquidité pour les divers services, et en partie par un grand
client qui a vidé son compte, empêcha du coup à l’agence de manœuvrer pour
servir d’autres clients. »
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La liste des clients de la CADECO qui ont leur compte détourné par l'agence. |
Suite
à ce ton laconique, les malheureux clients de la CADECO tentèrent encore mais sans
succès d’écrire en date du 20 juillet 2011 une lettre au Directeur général de
la CADECO. C'est le silence de mort, et en même temps les jours et les années passent…
L'octogénaire Remy Mogbaya, victime d'abus de confiance de la CADECO/Bumba |
Eu égard
à tout ce qui précède, comment cet octogénaire qui n’a aucune autre source de provision que l’INSS et
la CADECO peut-il survivre, comment peut-il
subvenir aux multiples besoins de sa famille, et surtout de sa propre santé
déjà précaire ? L’Etat congolais existe-t-il ? Affaire à suivre.
Propos recueillis par Antonio Lisuma
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