Journée
de commémoration du 50e anniversaire de la Bienheureuse et martyre
congolaise Marie Clémentine Anuarite Nengapeta à Bumba.
Les jeunes du groupe Kizito et
Anuarite (K.A. en sigle) ainsi que leurs encadreurs spirituels du doyenné de
Bumba se sont retrouvés ce samedi 29 novembre 2014 à la paroisse Notre Dame de
Bumba pour une messe solennelle célébrée par l’Abbé Alain Makope, vicaire de la
paroisse Saint André, le Père Curé Carlos de Notre Dame étant absent de Bumba.
Abbé Alain Makope |
Débutée à 8 heures trente, la messe dont
les participants étaient surtout les jeunes du groupe KA (et d’autres
mouvements des jeunes tels que Bilenge ya Mwinda et ceux de la Légion de Marie),
s’est terminée vers 11 heures 45.
Paroisse Notre Dame |
Ces jeunes Kizito et Anuarite proviennent
de 5 paroisses que compte la cité de Bumba, à savoir : Saint André, Notre
Dame, Saint Vincent, Saint Murumba et Saint Joseph d’Ebonda à 12 km.
Paroisse Saint Joseph d'Ebonda |
Déjà à la veille, lesdits jeunes ont tambour
battant sillonné en caravane les artères de Bumba, scandant des chansons en
l’honneur de la Bienheureuse Anuarite, à partir de la paroisse Saint André le
point de départ de la caravane, pour terminer ensuite à la paroisse Notre Dame,
le point focal où se dérouleront les restes des activités commémoratives du
jubilé d’or du martyr de la Sœur Anuarite.
Les jeunes de groupe KA en caravane |
Après la messe, les jeunes ont pris
un verre de rafraîchissement à la cure de la paroisse Notre Dame autour de
l’Abbé Alain ainsi que quelques parents et invités.
Paroisse Saint André de Bumba |
Cette journée avait pour but d’aider les jeunes du groupe Kizito
et Anuarite, dont l’âge varie de plus ou moins 5 à tout au plus 15 ans, à commémorer
mais aussi et surtout à s’imprégner davantage de la vie de chasteté menée par
la Bienheureuse Marie Clémentine Anuarite, à l’occasion de son Cinquantenaire
qui devrait en principe se célébrer le lundi 1er décembre de l’année
en cours.
Les jeunes KA après la messe du samedi 29 novembre 2014 |
Qui est Anuarite Néngapeta ?
Sœur Anuarite |
Anuarite Nengapeta Marie Clémentine est née le 29 décembre 1941 à Wamba
dans la province Orientale du Congo-Kinshasa. Son père s’appelle AMISI BATSHURU
BATO BOBO et sa mère ISUDE Julienne. Elle fut baptisée quand elle avait plus ou
moins deux ans, en même temps que sa mère et quelques unes de ses sœurs. Elle
fut vraiment une fille de son peuple.
Un groupe de jeunes Anuarite, danseuses à l'église Notre Dame. |
Anuarite ne fut pas brillante du point de
vue des études mais ses supérieures reconnaissent qu’elle avait une bonne
volonté et s’appliquait intensément à son travail intellectuel, surtout que
réussir aux études fut, entre autres, une condition à son entrée au couvent.
Ce fut en effet son
rêve favorable auprès de sa mère, restée seule responsable de la famille, le
papa ayant abandonné le foyer.
L’entrée d’Anuarite
dans la vie religieuse est considérée par certains témoins comme une « fuite ».
Elle se rendit à Bafwabaka où se trouvait le noyau central de la congrégation
de la Sainte Famille, sous une autorisation ferme. Elle fit son entrée au pro
bondât en 1955, au postulat en 1956 et au noviciat en 1957.
Elle fera sa première profession
le 05 aout 1959 et renouvellera ses vœux temporaires jusqu’à sa mort. Son nom
en religion est Sœur Marie Clémentine.
Pendant sa vie
religieuse, Anuarite fut légionnaire et avait une dévotion toute particulière à
la vierge Marie. On raconte d’autre part qu’elle fut d’une force physique
quelque peu étonnante pour une fille. Souvent, elle utilisait cette force pour
secourir les faibles. Parmi d’autre charges et responsabilités, elle fut
enseignante (monitrice) et surveillante d’école et d’internat des filles,
fonction qu’elle exerça avec compétence et
dévouement. A l’internat, elle prît en charge un groupe de xaveriennes.
En outre, Anuarite ne faisait pas de distinction des gens.
Pendant la messe à l'église Notre Dame de Bumba |
Elle était l’amie des
faibles, particulièrement des délinquantes
qu’elle s’efforçait de convertir malgré le désaccord de ses supérieures
à ce sujet précis. Pourtant, cela ne fut pas une désobéissance car elle savait
se justifier et savait ce qu’elle voulait (et le réalisait aussi). De ce fait,
facilement elle entrait en dialogue avec ses supérieures à qui elle donnait
même de bons conseils sans complexe et de façon bienveillante.
A la messe |
Dans sa vie au couvent,
Anuarite s’est donné comme
devise : SERVIR ET FAIRE PLAISIR.
C’est ainsi qu’elle se dépensait totalement comme volontaire pour rendre
service aux autres à la cuisine, à la sacristie, au travail manuel ; elle
savait aussi faire de petites surprises aux autres pour les rendre heureuses.
Cela n’empêche pas qu’elle savait parfois aussi les réprimander quand elles
devenaient négligentes : elle participait ainsi à leur éducation et leur
formation. Ainsi se passa sa vie jusqu’en 1964, à une époque où le pays était
déchiré par une sanglante rébellion.
Arrivée de la caravane à la paroisse Notre Dame |
La rébellion dans la
province Orientale du Congo-Kinshasa n’épargna pas les religieuses de la Sainte
Famille. Le 29 novembre 1964, alors qu’elles étaient à table, elles durent
interrompre leur repas de midi : les rebelles s’emparèrent de leur maison,
criant, gesticulant, sautant par les fenêtres, cassant et renversant des
objets. Ils commencèrent par se partager le reste du repas des Sœurs. Ils
étaient arrivés dans un gros camion, et étaient dirigés par un certain Justin
SEGBANDE.
Au moment de l’arrivée
des rebelles à Bafwabaka, certaines Sœurs s’enfuient dans la brousse. Là, elles
rencontrèrent leur supérieure qui était allée
cueillir des feuilles de manioc avec quelques orphelines. La Supérieure,
mère Kasima, parla à ses Sœurs, les encouragea et les convainquit de regagner
la communauté.
Après diverses menaces,
les rebelles ou Simba ordonnèrent aux Sœurs de faire leurs valises pour le
voyage : pour les délivrer des Américains qu’ils allaient les conduire à
Wamba. En cours de route, ils maltraitèrent les Sœurs et, sous l’effet de la
boisson, les injuriaient et entonnaient des chansons obscènes et provocantes.
Une première halte eut lieu à MAIKA où se trouvait une station de récolte et
préparation d’huile de palme. Le Chef de la station s’appelait Daniel, un jeune
homme de Kisangani qui avait été forcé de se joindre aux Simba, mais qui était
resté attaché aux Sœurs.
Le jeune homme les
rassura : les Simba n’en voulaient pas aux religieuses africaines, mais
bien aux missionnaires Européens.
Le soir, arrivé à IBAMBI,
le camion débarqua les Sœurs à la mission. Les Simba forcèrent les portes de la
maison des Pères et installèrent les Sœurs dans la grande salle de séjour.
Les Pères avaient déjà
été déportés et concentrés à Wamba. Les Sœurs durent passer la nuit par terre,
et eurent à supporter toutes sortes de dérangements de la part des rebelles.
Pendant tout ce pénible voyage, elles ne cessaient de prier soit en privé, soit
en communauté. Dans ces circonstances difficiles, Sœur Anuarite continuait à « SERVIR ET FAIRE PLAISIR »
par son attitude bienveillante vis-à-vis de ses consœurs.
Le 30 novembre vers 8 à
9 heures du matin, le camion reprit la route pour la dernière étape du
voyage : le tronçon Ibambi-Isiro. Les Simba continuèrent à maltraiter les
Sœurs. En cours de route, ils s’arrêtèrent à Pawa, dans le but de tuer le
Docteur Lambert Swert qui y dirige une léproserie. Ils le trouvent mort ;
il avait été tué trois jours auparavant. Le camion se remet ainsi en route et
au carrefour Ibambi-Isiro-Wamba, il prit la direction de Wamba. Mais, à Vube,
on croisa la camionnette du colonel Yuma Deo accompagné d’un officier et d’un
autre gradé appelé Olombe. Les deux véhicules s’arrêtèrent et les Sœurs furent
contraintes de descendre pour rendre hommage aux officiers. Yuma Deo ordonna
aux Sœurs d’enlever leurs croix et rosaires, et il fit jeter ces objets dans la
brousse par les Simba.
Anuarite, elle, garda
fidèlement sur elle, dans la poche de son jupon, la petite statuette de
l’immaculée, malgré toutes les menaces de Simba … Elle mourra avec cette
statuette. Puis, le colonel leur ordonna de remonter dans le camion pour
rentrer à Bafwabaka. Mais, arrivé au carrefour de Baseane, le camion prit la
route d’Isiro, au grand étonnement et désespoir des Sœurs. Elles y arrivèrent
vers 6 heures du soir et furent installées dans une villa récemment abandonnée
par un européen et transformée en résidence de passage du colonel Deo.
C’est à Isiro que se
situent les dernières épreuves de la Sœur Anuarite. Là, tout à coup, les Chef
des Simba décidèrent de transférer les Sœurs dans une autre maison où elles
passeraient la nuit dans les chambres, par petits groupes.
Pendant qu’on procédait
à ce déménagement par véhicule, tout à coup et de manière inattendue, le
deuxième compagnon du Colonel, du nom d’Olombe dit à la Mère Kasima :
« vous me laisserez cette Sœur » en indiquant Sœur Anuarite du doigt.
La mère Kasima comprit immédiatement qu’il voulait faire de Sœur sa femme.
Aussi refusa-t-elle
énergiquement et exigea-t-elle au contraire de rester avec sa jeune consœur.
Après mille malices pour avoir la Sœur Anuarite, les bourreaux ne réussirent
pas à faire partir la mère générale. C’est alors qu’ils firent expressément
connaître leur intention de faire d’Anuarite la femme du Colonel Ngalo. Dans
une violente discussion, Anuarite et mère Kasima, chacune de son côté,
refusèrent catégoriquement de céder à cette intention, malgré les coups
qu’elles reçurent. Et les menaces de mort commencèrent. La Mère Générale fut
alors poussée dans une autre chambre, d’où elle pouvait néanmoins continuer
d’encourager sa jeune Sœur par le regard. Pendant ce temps, on fait préparer du
riz et des sardines pour les religieuses qui se trouvaient dans l’autre maison.
Celles-ci déclarèrent
qu’elles ne mangeraient que si Anuarite et la mère générale les rejoignirent.
Les rebelles finirent par céder à cette exigence. On présenta ensuite aux Sœurs
diverses boissons alcooliques pour les enivrer, mais elles refusèrent de les
prendre. Pour sa part, bien qu’ayant rejoint ses consœurs, Anuarite a de plus
en plus une conscience claire de sa mort prochaine. Elle en fait part à ses
amies et leur demande de beaucoup prier pour elle. La prière était en effet le
seul recours qui leur restait.
Presqu’aussitôt après,
les menaces reprirent. Cette fois-ci Olombe essaya de se réserver la Sœur
Bokuma. Il recommanda à Anuarite et Bokuma d’entrer dans la voiture pour aller
vers la maison de Ngalo. Les deux Sœurs se débattirent pour ne pas y entrer, et
même quand on les fit entrer de force, elles parvinrent à en sortir de l’autre
côté pour se réfugier auprès de la Mère Kasima. Le Colonel Olombe, ayant
vraiment tenté de les faire entrer dans la voiture, se fâcha encore plus et se
mit à frapper les Sœurs. Et Anuarite de lui dire : « Je ne veux pas
aller commettre ce péché, si vous voulez, tuez-moi ». Olombe se mit
maintenant à les frapper avec force. Pendant ce temps, Anuarite lui dit :
« Je vous pardonne, car vous ne savez pas ce que vous faites ». Et
malgré l’intervention de la Mère Kasima et de la Sœur Kahenga, supérieure de
Bafwabaka, Olombe continua de battre les deux Sœurs de la crosse de son fusil.
Finalement, les deux victimes tombèrent inanimées. Sœur Bokuma avait le bras
cassé à plusieurs endroits et ne bougeait plus. Sœur Anuarite remuait encore un
peu la jambe. Toujours furieux, Olombe se mit à hurler : « Simba,
venez vite on veut me tuer… ». Deux Simba arrivèrent alors, et comme il
n’y avait pas de fusil, Olombe leur ordonna de transpercer la Sœur
Anuarite de leur long couteau
(baïonnette) jusqu’au cœur. Et ils le firent plusieurs fois. A chaque coup, un
gémissement étouffé sortait des lèvres de la Sœur. Olombe prit enfin son
revolver et lui tire une balle dans la poitrine. Sans réagir, la Sœur Anuarite
était en train de rendre l’âme.
Ce fut le 1e
décembre 1964 vers 1 heure du matin. La Sœur Kahenga annonça l’épisode aux
Sœurs qui se trouvaient dans la maison. Elles se mirent toutes à prier. Olombe,
furieux entra dans la maison, leur interdit de prier et leur demanda d’aller
chercher le corps de la martyre. Sœur Bokuma et Sœur Nabeane, qu’on avait
également frappée, furent pour leur part conduites à l’hôpital.
Le procès de béatification
de la Sœur servante de Dieu, Sœur Marie Clémentine Anuarite Néngapeta a été
ouvert, conformément aux lois ecclésiastiques le 13 janvier 1978 près
l’Archevêché de Kisangani. Elle fut béatifiée par le pape Jean Paul II en la
fête de l’Assomption le 15 août 1985 à Kisangani.
Et l’Eglise lui a
consacré la date du 1e décembre, pour commémoratif de sa mort ou
plus tôt « jour anniversaire de sa naissance au ciel ».
Propos recueillis par Antonio Lisuma.
E.mail: lisumaantonio@yahoo.fr
Tél.: 00243 997 72 94 13
00243 810 69 29 82
E.mail: lisumaantonio@yahoo.fr
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Merci pour cette information. Je suis ravi voir même ébloui parce que c'est dans le groupe Kizito-Anuarite que j'ai évolué. ANUARITE n'est pas seulement l'exemple pour l'Eglise tout entière, mais elle est aussi le modèle de la femme africaine en générale et congolaise en particulier (commentaire).
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