La
Société des Chemins des Fer Uelé-Fleuve,
Ruinée
de fond en comble.
Vieille locomotive de marque japonaise |
La
Révolution de la modernité telle que prônée par le Chef de l’Etat de la RD
Congo ne se ressent plus que comme un simple slogan dans l’ancienne grande
province de l’Equateur en général, et surtout dans celle de l’actuelle province
de la Mongala en particulier, et plus précisément dans le territoire de Bumba.
Beaucoup reste à faire dans ce
territoire de Bumba qui n’a pas vraiment connu de progrès depuis la fin de régime
de Mobutu, sur le plan de la construction de nouvelles infrastructures étatiques
et même de la réhabilitation des anciennes infrastructures existantes, hormis
la SEP Congo et le stade privé de la paroisse Notre Dame. Les routes sont toujours
en mauvais état et beaucoup d’entreprises nationales ne donnent plus aucun
signe de vie.
Siège administratif |
C’est le cas par exemple de la Société des Chemins de fer Uelé-Fleuve, (SCFU
en sigle), qui fonctionnait de la cité de Mungbere dans la province de Haut
Uele jusqu’au terminus à Bumba sur le fleuve Congo à la province de la Mongala.
Cette société est actuellement ruinée dans un stade trop avancé, à tel point
que même les rails qui sont censés être « parallèles » (simple notion
géométrique de parallélisme) sur le sol ne le sont plus dans certains endroits, surtout dans le
tronçon Aketi-Bumba ; et que des petits ponts sont autant abîmés par
endroits que cela nécessite l’intervention de certains capitaux importants pour
sa réhabilitation.
Cette société ferroviaire SCFU, jadis
annexée à la SNCZ (Société nationale des Chemins de fer du Zaïre) aujourd’hui
SNCC, a connu de bons moments à l’avènement du règne de Mobutu, surtout lorsque
le gouvernement de ce dernier avait, au début des années 1970, construit le
tronçon AKETI - BUMBA, reliant du coup l’Est du pays, avec des villes comme Isiro,
Mungbere et autres, jusqu’à BUMBA, une ville située sur le fleuve Congo, au
centre-Nord du pays ; permettant ainsi à la population de faire circuler
les marchandises de l’Est à l’ouest jusqu’à la capitale située au sud-est du
pays.
Le port SCFU sur le fleuve Congo à Bumba (jadis le port ONATRA) |
Mais vers le début des années 1990,
lorsque la SCFU s’est séparée de SNCZ, la situation alla de mal en pis pour cette
entreprise ferroviaire qui ne réussit pas à survivre, tant la gestion semblait
être trop déficitaire. Les deux ou trois locomotives datant presque de l’époque
coloniale tombèrent vite en panne l’une après l’autre et de façon irréparable.
Le début d’inactivité de la société
entraina aussitôt de nombreux problèmes. D’abord ceux liés à la paie des cheminots
qui ne savent plus comment survivre tant le salaire ne vient plus. Ajouté à
cela les cas de maladies et de décès de personnel. Sans compter ceux qui
normalement devraient aller en retraite, vu l’âge avancé, mais qui ne sont pas toujours
payés et se retrouvent mains bredouilles, alors qu’ils étaient assujettis à l’INSS
(l’Institut national de sécurité sociale).
Ensuite, les problèmes liés à la vétusté
des divers matériels la société. Les infrastructures s’abimèrent les unes
après les autres: hangar de la gare, dépôts, toitures de certains bâtiments,
locomotives, wagons, etc., tout est en ruine. La société resta abandonnée à son triste sort. Certains
de ses patrimoines, des mitrailles surtout furent pillés ou vendus soit par le
personnel lui-même, soit par la population. Les barres de rail sont souvent vendues
à la population ou pillées par celle-ci pour la construction de clôtures de
parcelles ou des murs des maisons.
La voie ferrée, non loin de la gare |
Mêmes les petites barres métalliques
destinées à fixer les rails au sol sont pillées par la population envoisinant
la voie ferrée au point que les rails ne sont plus fixés au sol dans certains
endroits de la voie, et ces barres pillées sont destinées à la fabrication des
machettes et d’autres instruments tranchants. Quelle mentalité ! Certains
ponts sont abîmés et la brousse a repris son droit naturel, faute d’entretien.
Le gouvernement central qui devrait en
principe prendre tout en charge ne fait aucun signe encourageant pour la reprise des
activités de la SCFU. Plusieurs voix s’étaient quand élevées par certains députés
et autres personnalités.
Pendant que des locomotives sont
distribuées dans certaines parties du pays, axes Kinshasa–Matadi, Kindu-Lubumbashi,
et récemment, Kisangani–Ubundu etc., d’autres sont en réserves quelque part, la
Compagnie SCFU moisit en silence, et personne n’en parle, pas même au niveau de
l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, la société pouvait
quand même s’auto suffire si elle avait connu de bons dirigeants, dignes et honnêtes. Avec le peu de ressources
qu’elle détient, elle pouvait faire quelque chose d’assez significatif avant
que le gouvernement n’intervienne.
En effet, la société SCFU dispose de
quatre sources modestes au niveau de territoire de Bumba et qui génèrent quand des
recettes :
-
Les dépôts au port ONATRA devenus port
SCFU (le port ONATRA de Bumba est devenu une propriété de la SCFU depuis une
ordonnance présidentielle des années 1990) : ces dépôts sont loués
régulièrement par certaines entreprises de la place dont SOCAM.
-
Accostage au port. Tout bateau qui accoste
au port paye le droit d’accostage de SCEFU.
Le pont Loeka à 40 Km de Bumba (le pont rail à gauche et celui sur route à droite) |
-
Péage sur le pont LOEKA à 40 Km sur la route
Aketi. La Société PHC Yaligimba qui a de gros véhicules poids lourds utilise le
pont rail sur la rivière Loeka en payant le droit de péage à la SCEFU.
-
La compagnie de communication Vodacom paye
quelque chose à la compagnie SCEFU pour ses antennes aux gares de Bumba et de
Mindonga.
-
Le bâtiment administratif est quelque fois
loué par la Régideso qui réfectionne le sien.
Les installations du réseau Vodacom à la gare SCFU à Bumba |
Si donc une bonne canalisation des
recettes, modestes soient-elles, était bien réalisée, la société devrait s’organiser
pour réparer tant soit peu quelques tronçons, au lieu d’attendre le
gouvernement central. La question que d’aucuns se pose est celle de savoir si
cet argent perçu par SCFU à travers ces différentes sources ci-haut citées est honnêtement
versé quelque part dans la caisse de l’Etat ou dans une banque sous le compte
de la société…
Ou alors l’argent est dilapidé dans
les poches des individus sans scrupule au détriment de la masse de personnel
qui ne savent plus à quel saint se vouer, surtout que parmi eux, certains ont
vieilli et se meurent les uns après les autres sans qu’ils soient honorés à
travers la paie de retraites et bénéficier également de leur pension au niveau de
l’INSS… Seuls les orphelins resteront peut être pour attendre, eux qui n’ont
plus d’autre salut que d’occuper les maisons de la société…
Antonio Lisuma
Trés intéressant, cet article! Il donne beaucoup des informations qu'on ne trouve pas ailleurs sur l'internet.
RépondreSupprimerJ'espère que la ligne sera réhabilitée un jour, peut-être avec un "upgrade" à 1435mm; l'écartement standard des rails.
Merci beaucoup!