Situation
catastrophique du secteur de Yandongi
dans
le territoire de Bumba
Le secteur de
Yandongi, tout comme les cinq autres secteurs du territoire de Bumba, connaissent
depuis belle lurette une situation économique catastrophique et déplorable,
laquelle situation nécessite une urgente et particulière intervention de la
part des autorités tant provinciales que nationales et même internationales. Toutefois,
la participation paysanne locale pour son redressement économique reste très souhaitée.
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Il faut traverser |
Selon le récit fourni
par un habitant de Yandongi, l’agronome Germain
Alembi Kumu Egoni, ressortissant du village Yandongi-Monene dans le groupement Yambuku au secteur de Yandongi,
avec qui nous cheminerons dans cet article, la situation est devenue tout aussi
invivable d’autant que tous les paramètres du développement
socio-économico-politique sont au clignotant rouge : pas de route, pas d’accès
ni à la santé, ni à l’eau potable, pas de politique agricole…
Né vers la fin de
l’année 1950, l’agronome Germain Alembi qui a passé toute sa vie dans le
secteur de Yandongi reste un incontestable témoin de tous les évènements qui s’y
sont succédé durant les périodes allant de la fin de la colonisation belge
jusqu’à nos jours.
Les autorités
coloniales belges, qui avaient sans doute une vision assez nette du
développement socioéconomique de la colonie à l’époque, avaient construit et
aménagé des routes qui désengorgeaient ce vaste secteur de Yandongi. L’on
sentait également la participation massive de tous les autochtones à la cause du
développement malgré les résistances de certains récalcitrants, qui d’ailleurs
étaient vite contraints par tous les
moyens de changer d’avis, et de se ranger aux côtés des autorités coloniales.
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Cela devient très difficile |
Les ouvriers
travaillaient habituellement à la main à l’époque, sans une quelconque
intervention des engins ni d’autres machines de construction ; les routes
étaient partout bien entretenues, vu la bonne politique de maintenance et
d’entretien routier en exercice. En conséquence, l’on pouvait aisément circuler
à bord d’une voiture, si petite soit-elle, dans tous les secteurs du territoire
de Bumba et même vers d’autres milieux de la colonie congolaise.
Les autorités coloniales
belges veillaient également à la mise d’une bonne politique agricole en faveur
de la population paysanne pour la promotion de l’économie des colonisés. On se rappellera la rigueur avec
laquelle l’un des derniers Administrateurs belges de territoire de Bumba,
Monsieur Gérance, et son compatriote belge l’Agronome Laby, imposaient à la
population pour une bonne production agricole.
Elles se déplaçaient
en tout moment, entrainant à leur suite les juges coutumiers, le chef de
secteur et le chef de groupement pour suivi
et contrôle de différentes tâches assignées à chacun des paysans, à
savoir : réparer les routes, couper les mauvaises herbes, améliorer les
cultures…
L’Etat colonial venait
en aide aux agriculteurs et fermiers ; il leur allouait des redevances et
autres matériels tels que houes, bèches, machettes, limes, etc., et leur
accordait des primes et autres gratifications significatives pouvant les
motiver à la poursuite de leurs activités champêtres. Chaque paysan avait sa
culture, et celle-ci se diversifiait d’une région à l’autre selon les
traditions et les réalités du sol et du milieu. Et ceci aboutissait à la
diversité des cultures. L’on pouvait compter les productions de café, de cacao,
du riz, du maïs, de l’huile de palme, etc.
Les entreprises
commerciales telles que Nogueira et Griza accédaient partout dans les recoins
du secteur par leurs véhicules, car les routes étaient très bonnes pour permettre
à leurs usagers d’évacuer les produits agricoles et d’élevages. Ce qui
encourageait les agriculteurs et les fermiers à produire et à économiser
davantage. L’économie était donc très florissante ; il n’y avait pas de
crise très ressentie comme aujourd’hui.
Des sanctions sévères exprimées
par des amandes avec emprisonnement étaient infligées à quiconque fuyait les
travaux de route et de champ ! Le Conseil du territoire assurait le
contrôle de la caisse de l’Etat, et le salaire était suffisant et régulier
pouvant permettre aux cultivateurs de nouer les deux bouts de mois.
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La catastrophe |
Mais depuis
l’accession de notre pays à l’indépendance, et les troubles politiques qui s’en
sont suivis, ainsi que de mauvais régimes dictatoriaux qui s’y étaient
installés, cette politique de rigueur
dans les constructions et l’aménagement de route, ainsi que la politique
obligatoire de l’agriculture pour tout le monde ne sont plus observée.
Le président Mobutu avait
vivement souhaité prioriser le secteur de l’agriculture par rapport à la
production minière, car celle-ci occupait la première place. Elle s’évaluait à
plus de 60% dans l’économie du Zaïre. Tout son effort limité au simple slogan avait
sombré et jeté dans les oubliettes, car il y manquait du pragmatisme malgré ses
très bonnes intentions dans le domaine agricole. En outre, sa politique de
zaïrianisation a tout détruit de fond en comble. Et depuis, rien n’a marché. Tout
était détruit.
La même situation
chaotique a atteint des proportions inquiétantes pendant les deux autres
régimes d’insécurité des Kabila sénior et junior qui se sont succédé au pays.
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Nous sommes passés !!!! |
Aujourd’hui, il n’y a
plus aucune route pouvant désengorger le secteur de Yandongi et permettre la
circulation des véhicules et des marchandises ; les seules personnes qui
se débrouillent encore sont des cyclistes, rare sont les motocyclistes qui
tentent tant bien que mal de transporter des sacs de maniocs et autres produits
agricoles ou manufacturiers, mais non sans détruire leurs propres vélos ou
motos !
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Préparation pour un champs de riz. |
« Quel avenir en
perspective pour notre beau territoire de Bumba en général, et notre secteur de
Yandongi en particulier ?», s’est exclamé notre pauvre agronome.
Actuellement la
population souffre, les paysans ne savent plus quoi faire ; ils ne peuvent
plus cultiver de grandes étendues car les produits ne seront pas évacués faute de
routes ; à quoi bon fournir tous les efforts lorsque les produits
agricoles ne sont pas évacués vers les marchés importants, et qui, du reste, se
vendent plutôt à bas prix ?
En plus, l’Etat ne
fournit aucun effort pour redonner de l’espoir aux paysans ou aux pauvres
cultivateurs, aucune initiative pour réparer et entretenir par exemple les
routes de dessertes agricoles, ou pour octroyer des redevances ou des subsides
en espèces sonnantes et trébuchantes ou en matériels de travaux de l’agriculture
comme bèches, houes, machettes, limes … Au contraire, l’Etat inflige sans
vergogne des taxes significatives et impitoyables sur tout vélo des pauvres
paysans ou autres « tolekistes » « kwamouteurs » qui se
débrouillent encore en tentant tant bien que mal la longue et pénible tâche
d’évacuation des produits champêtres ci-haut énumérés.
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Bon courage mes amis. |
Tous les projets
entrepris et financés à travers le gouvernement congolais pour relancer
l’agriculture et l’élevage dans le secteur de Yandongi comme PRAPE (Programme de relance agricole dans la
province de l’Equateur), et PARRS (Projet
d’Appui à la Relance et la Réhabilitation du Secteur Agricole), etc., ne
marchent pas car soit l’argent est en grande partie détourné, soit il y manque un
organe permanent de contrôle et de suivi.
Terminons cette
approche par la revendication majeure de la population de Yandongi qui veut de
plus en plus sortir de ce carcan dans lequel elle est enfermée. Celle-ci a ce
souci majeur :
Ø Que
l’Etat s’occupe de façon permanente et significative à la construction et
l’entretien des routes de desserte agricole.
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Mission de Yambuku, (secteur Yandongi) où l'ébola virus a commencé en l'année 1976 |
Ø Que
le gouvernement intervienne par l’installation d’une politique de relance
agricole pragmatique permanente, nationale ou internationale, où les
agriculteurs auront à bénéficier des subsides ou redevances ou encore des
primes d’encouragement pour leur permettre de produire davantage des produits
agricoles ou d’élevage.
Ø Que
l’Etat facilite la présence des marchés importants pour l’achat ou l’évacuation
des produits agricoles…
Antonio Lisuma