Matende,
totem des paysans de groupement Bosambi à Bumba.
Le groupement de Bosambi du secteur de Loeka
situé à une dizaine de kilomètres au nord de la cité de Bumba est le bastion de
croyants à un démon pourfendeur réputé sous le nom de « Matende ».
Les habitants dudit groupement sont parmi
les grands cultivateurs de riz, de maïs, de banane et de manioc. Ils sont très
actifs et contribuent énormément à l’accroissement de la production agricole
qui fait du territoire de Bumba un important grenier agricole.
Dans le souci ardent de voir toujours
leurs productions s’accroitre d’année en année, certains paysans de ce coin
s’adonnent à apprivoiser un esprit aux forces exceptionnelles et redoutables
nommé « Matende ».
Celui-ci, pour les gens qui le « domestiquent », en monte une garde
la plus jalouse en assurant la totale protection de tous les biens de son
maître. Il y veille au grain et s’apprend farouchement à toute personne qui
oserait sciemment ou par inadvertance
toucher à une quelconque culture du champ, ou menacer l’intérêt ou même la
tranquillité de son maître membre dudit groupement. L’infortuné se voyait
brutalement assommé de coups, ou soumis à un traitement maléfique.
Cette protection couvrait aussi tous
les biens du maître, sa vie y comprise. Les arbres fruitiers n’échappaient pas
non plus à la vigilance de fameux esprit Matende. Les fruits des arbres ne
peuvent être cueillis que par les initiés ou mieux sur la bénédiction du
maître. Matende a déjà fait beaucoup de victimes depuis sa
« domestication » par les indigènes.
L’histoire que nous vous racontons
n’est pas une affabulation ni le fruit d’une quelconque imagination. C’est une
réalité bien vécue comme telle révélée par un converti en guise de témoignage à
l’occasion de la fête de l’ascension en la messe du dimanche 02 aout 2014 à la
paroisse Notre Dame.
Notre informateur témoin de la
mésaventure de Matende nous a révélé des turpitudes qu’il a subies une nuit
alors qu’il était hôte d’une famille vivant en pacte avec Matende.
Ne connaissant pas les règles du jeu
de majordome, l’hôte après son grand besoin, aurait déchiré un lambeau d’habit
qui servait de rideau des installations sanitaires comme papier hygiénique. Le
fait de déchirer ce lambeau de rideau – bien de la maison – constitue d’ores et
déjà une grave infraction aux yeux de « Matende ». Il se déchargera
sans désemparer au violeur, hôte.
Hospitalité oblige. Le repas à
l’honneur de l’hôte était bien servi. Mais lorsque ce dernier s’apprêta pour
manger, survint un homme de taille naine pour lui proférer de médisances. « Tu
viens de m’agresser, précise le nain, le repas te servi te coûtera ta vie. Que
tu l’aies consommé ou non, tu mourras assurément.
A ce propos chargé de haine et de médisance, notre hôte, plus que
stupéfait, grelottant d’effroi et d’angoisse perdu tout appétit. Ne sachant pas
à quel saint se vouer, il se réfugiant dans la prière en égrainant son
chapelet.
La maman servante y passera pour
récupérer les assiettes, elle s’étonnera que l’hôte n’a pas mangé. Très
inquiète, la maman s’adressa au visiteur pourquoi n’avait-il pas mangé le
repas lui servi. C’est alors que le visiteur lui raconta le propos
inhospitalier et ordurier du monstre nain.
-
Qu’as-tu fait depuis ton arrivée chez nous,
rétorqua la maman ?
-
Rien du tout, répond le visiteur. J’étais
allé me soulager et je m’étais servi d’une partie d’habit déchiré de rideau
comme papier hygiénique.
Il n’a pas fallu toucher à çà sans
notre autorisation, réagit la maman avec empressement devinant déjà que ce nain
monstre n’est rien d’autre que Matende assurant avec toute légitimité la
protection des biens de la maison si futiles soient certains.
Un coq sera vite immolé la nuit pour
apaiser la colère de Matende, Helas ! Celui-ci reste imperturbable et intransigeant,
et multiplia encore ses menaces.
Comme pour protéger le visiteur, il a
été décidé qu’il quittât la maison au milieu de la nuit afin d’échapper à la
colère du monstre impardonnable qu’est Matende, piège arachnéen de ceux qui le
domptent, le domestiquent.
Propos
de Rodrigue Modandi
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