vendredi 12 septembre 2014

Matende, totem des paysans de groupement Bosambi à Bumba.


          Le groupement de Bosambi du secteur de Loeka situé à une dizaine de kilomètres au nord de la cité de Bumba est le bastion de croyants à un démon pourfendeur réputé sous le nom de « Matende ».
          Les habitants dudit groupement sont parmi les grands cultivateurs de riz, de maïs, de banane et de manioc. Ils sont très actifs et contribuent énormément à l’accroissement de la production agricole qui fait du territoire de Bumba un important grenier agricole.
          Dans le souci ardent de voir toujours leurs productions s’accroitre d’année en année, certains paysans de ce coin s’adonnent à apprivoiser un esprit aux forces exceptionnelles et redoutables nommé « Matende ». Celui-ci, pour les gens qui le « domestiquent », en monte une garde la plus jalouse en assurant la totale protection de tous les biens de son maître. Il y veille au grain et s’apprend farouchement à toute personne qui oserait sciemment ou par  inadvertance toucher à une quelconque culture du champ, ou menacer l’intérêt ou même la tranquillité de son maître membre dudit groupement. L’infortuné se voyait brutalement assommé de coups, ou soumis à un traitement maléfique.
          Cette protection couvrait aussi tous les biens du maître, sa vie y comprise. Les arbres fruitiers n’échappaient pas non plus à la vigilance de fameux esprit Matende. Les fruits des arbres ne peuvent être cueillis que par les initiés ou mieux sur la bénédiction du maître. Matende a déjà fait beaucoup de victimes depuis sa « domestication » par les indigènes.
          L’histoire que nous vous racontons n’est pas une affabulation ni le fruit d’une quelconque imagination. C’est une réalité bien vécue comme telle révélée par un converti en guise de témoignage à l’occasion de la fête de l’ascension en la messe du dimanche 02 aout 2014 à la paroisse Notre Dame.
          Notre informateur témoin de la mésaventure de Matende nous a révélé des turpitudes qu’il a subies une nuit alors qu’il était hôte d’une famille vivant en pacte avec Matende.
          Ne connaissant pas les règles du jeu de majordome, l’hôte après son grand besoin, aurait déchiré un lambeau d’habit qui servait de rideau des installations sanitaires comme papier hygiénique. Le fait de déchirer ce lambeau de rideau – bien de la maison – constitue d’ores et déjà une grave infraction aux yeux de « Matende ». Il se déchargera sans désemparer au violeur, hôte.
          Hospitalité oblige. Le repas à l’honneur de l’hôte était bien servi. Mais lorsque ce dernier s’apprêta pour manger, survint un homme de taille naine pour lui proférer de médisances. « Tu viens de m’agresser, précise le nain, le repas te servi te coûtera ta vie. Que tu l’aies consommé ou non, tu mourras assurément.
          A ce propos chargé de haine et de médisance, notre hôte, plus que stupéfait, grelottant d’effroi et d’angoisse perdu tout appétit. Ne sachant pas à quel saint se vouer, il se réfugiant dans la prière en égrainant son chapelet.
          La maman servante y passera pour récupérer les assiettes, elle s’étonnera que l’hôte n’a pas mangé. Très inquiète, la maman s’adressa au visiteur pourquoi n’avait-il pas mangé le repas lui servi. C’est alors que le visiteur lui raconta le propos inhospitalier et ordurier du monstre nain.
-      Qu’as-tu fait depuis ton arrivée chez nous, rétorqua la maman ?
-      Rien du tout, répond le visiteur. J’étais allé me soulager et je m’étais servi d’une partie d’habit déchiré de rideau comme papier hygiénique.
          Il n’a pas fallu toucher à çà sans notre autorisation, réagit la maman avec empressement devinant déjà que ce nain monstre n’est rien d’autre que Matende assurant avec toute légitimité la protection des biens de la maison si futiles soient certains.
          Un coq sera vite immolé la nuit pour apaiser la colère de Matende, Helas ! Celui-ci reste imperturbable et intransigeant,  et multiplia encore ses menaces.
          Comme pour protéger le visiteur, il a été décidé qu’il quittât la maison au milieu de la nuit afin d’échapper à la colère du monstre impardonnable qu’est Matende, piège arachnéen de ceux qui le domptent, le domestiquent.

                                                                      Propos de Rodrigue Modandi             

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