jeudi 19 février 2015

Des exécutions sommaires ou extrajudiciaires,
de plus en plus fréquentes à Bumba


          La cité de Bumba connait de plus en plus des scènes de tueries populaires et des exécutions sommaires ou extrajudiciaires des certains voleurs.
          Ces genres d’assassinat deviennent de plus en plus fréquents dans la cité de Bumba au point qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’on soit informé de l’exécution  ou de la tentative d’exécution d’un voleur, ou d’un homme attrapé en flagrant de lit d’adultère, ou d’un quelconque malfaiteur.
Le cadavre de Bighens calciné

          Il y a quelques mois un voleur était nuitamment lynché et tué vers la paroisse Saint Murumba, au quartier dit des « Moscoulins » ! Un autre voleur a subi le même sort au quartier Lokole ; un autre encore au quartier Mobutu, non loin du marché, et ainsi de suite.
Un autre voleur tué vers le quartier des Moscoulins
et le corps jeté au terrain de la paroisse Saint Murumba
          La dernière exécution en date est celle qui eût lieu vers l’avenue Banalia, sur le terrain  de l’aviation, non loin de la mosquée de l’avenue Masobe, le dimanche 15 février 2015 vers 4 heures du matin.
          Le malheureux Bighens, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fut capturé par la population des environs qui accourait sur le lieu à la suite des cris de détresse d’une dame qui voulait qu’on arrête pour lui « le voleur » qui l’a dévalisé sur l’avenue du MPR. Aussitôt capturé, aussitôt exécuté aux coups de pierres et de gourdins puis entraîné vers la plaine d’aviation de la RVA dans le but d’y être achevé sous le feu, de façon à ce qu’il soit rapidement rendu méconnaissable par sa famille, et du coup éviter des représailles éventuelles de la part de ses membres de famille ou de l’enquête des policiers.  
          Selon les informations diffusées à l’émission « Politique Konzo » de l’animateur – journaliste Olivier Yenga Kokoze le mardi 17 février 2015 à la radio Mongala, le jeune homme Bighens âgé de 19 ans accompagné de sa concubine, une dame de 65 ans rentraient tous les deux vers les petites heures d’une soirée des amoureux de Saint Valentin à laquelle le couple avait bien profité de l’ambiance. Arrivés près de l’avenue du MPR, non loin du domicile de la femme (puisque le jeune homme y était « Mario », c'est-à-dire qu’il vivait logé chez la femme) les deux amoureux se mirent à se chamailler sur des problèmes conjugaux les concernant, au point que la vieille dame se retrouva au sol et blessée à la main. C’est alors que cette dernière se mit à crier « au secours, arrêtez-moi ce voleur ».
          A Bumba, il y a ce dernier temps une solidarité incroyable à laquelle personne presque ne prive l’autre : celle d’attraper un voleur dans le quartier, à la suite des cris d’une personne victime de vol, avec l’idée de se faire justice avant que l’affaire n’arrive à la police.
          Le jeune homme Bighens, qui a commis l’imprudence de tenter de s’enfuir, fut immédiatement appréhendé et exécuté malgré ses vives protestations désespérées, disant qu’il n’était pas voleur. Son corps fut peu après conduit vers l’avenue Banalia sur le terrain de l’aviation de la Régie de Voie aérienne où il fut brûlé.
          Chose étonnante, aucune arrestation n’a eu lieu depuis l’assassinant du dimanche jusqu’à ce jour, et les enfants du quartier où l’exécution eût lieu continuent à vaquer librement à leurs occupations, sans se faire appréhender par la police, ne fût-ce que pour la raison d’enquête… 
          Ces exécutions sommaires deviennent monnaie courante du fait que la police de Bumba ne garde pas dans les prisons pour une longue durée des prisonniers condamnés par le tribunal de paix de Bumba, et ceux-ci recouvrent aussitôt la liberté, et on les voit, en un laps de temps après leur arrestation, circuler de nouveau librement à travers la cité et reprendre les mêmes sales besognes pour lesquelles ils étaient arrêtés. La plupart d’activités criminelles de ces malfaiteurs est le vol souvent à main armée.
          Pourquoi la police de Bumba ne parvient-elle pas à séquestrer pour une longue durée selon les cas les prisonniers arrêtés et condamnés jusqu’à l’achèvement de leurs sanctions ? C’est la question que tout le monde se pose ici, et les réponses sont multiples.
La prison centrale de Bumba

          La principale raison est le manque d’une bonne prison digne de son nom à Bumba, ayant plusieurs chambres ou salles dont le bâtiment est bien clôturé et bien sécurisé. Puisque la prison centrale de Bumba, construite vers années 1930 à l’époque coloniale, se retrouve actuellement dans une situation de délabrement avancée.
Cette prison était construite vers 1930 à l'époque coloniale 

           D’autres raisons sont soit d’ordre financier, comment nourrir tous ces prisonniers si on les gardait pendant des années, soit d’ordre judiciaire, concernant le jugement rendu non pas d’une manière juste et équitable, de la part des responsables de la police ou des juges, ou que ceux-ci se laissent facilement corrompre…
                                                           Antonio Lisuma


   

1 commentaire:

  1. Mr Antonio, merci pour ce grand service que tu nous rend. Lorsque je lisais ce message je me demandais si Bumba se trouve dans quel pays d`Afrique, peu apres je me suis rendu compte que nous sommes au Congo la ou les executions pareilles se multiplient sur toute l`etendu du pays. Quand il n`y a pas une stricte observance de la loi, tout est permis et tout le monde devient juge et roi. Toutes ces executions extrajudiciares ne sont que les consequences de manque de loi solide. A Kinshasa il y a le phenomene Kuluna, quand on arrete un kuluna, on l`amene en prison et on le libere quelques jours apres, ce qui fait que dans certains quartiers, quand un kuluna est arrete, on l`execute directement et la police vient faire le constat. C`est l`image du Congo democratique. Je suis decu de tels actes a Bumba.

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