vendredi 15 mars 2013

Le Christ est apparu à Bumba.

          Je reçois presque chaque jour dans mon confessionnal des personnes qui, pour la plupart des cas, viennent solliciter une aide.
          Je fus très curieux cette fois de recevoir au mois de novembre 2012 passé un homme étrange, un homme tout à fait contraire à nos mœurs, à nos traditions. Cet homme là, sitôt que de solliciter une assistance, vient me proposer de rendre un service salutaire à la population de Bumba. Ce service qu’il vient offrir à la population, c’est opérer toute personne née avec une difformité congénitale au niveau labial, communément connue sous le nom de bec de lièvre. « Je suis chirurgien, me confia-t-il en rigolant, je viens au nom de mon art rendre les malades aux lèvres fendues très heureux, leur donner leur charme d’antan ».



L'enfant macrocéphal après l'intervention chirurgicale

          J’étais personnellement stupéfait de cette offre surtout que ce genre d’opération chirurgicale est non pas seulement rare, mais surtout plus coûteuse. J’avais peur de lui accorder approbation, le suspectant de charlatan, surtout aussi qu’on venait d’accueillir dans notre paroisse, peu avant son arrivée, un homme d’une identité mal connue, déguisé en prêtre. Combien exigerez-vous aux malades pour ce genre d’intervention chirurgicale très délicate et de haute facture, lui avais-je exprimé ma crainte doublée de réticence ?
          Il me répondit évasivement en me posant la question : « avez-vous un lit pour m’accorder hospitalité dans votre paroisse ? Pour le prix, il ne sera pas exorbitant, j’accepte volontiers rendre ce service à vos brebis au prix de mes sacrifices ».
          Le lendemain l’annonce sur l’arrivée dans nos murs du chirurgien était faite deux jours consécutifs à la messe sans succès. Les enfants comme les adultes portant le bec de lèvre restaient chez eux, vivant dans un désespoir inconsolable et traitant ce communiqué de simple campagne de rançon. Au troisième jour de communiqué, un homme d’une quarantaine d’âge bravant sa réticence et se présenta à l’hôpital Notre Dame pour subir cette chirurgie. Le Docteur l’accueille et lui dit : « Viens, je vais t’opérer et tu recouvriras ton charme d’antan ». L’homme aux lèvres fendues regarde le docteur et ne dit mot, il suit le docteur dans la salle d’opération. Un membre de famille le heurte : « Non ! n’y va pas ». L’homme malade ne l’écoute plus, il rejoint le docteur dans la salle d’opération où il subit l’intervention avec succès. Après quelques temps, il en sort ravi de joie et se regarde au miroir, il s’exclame : « j’ai dû attendre 40 ans pour me débarrasser de cette laideur. Je suis devenu aujourd’hui très beau, on saura me compter désormais parmi les hommes.
          Et sa femme et celui qui le heurtait de voir le médecin l’embrassent tendrement. Le docteur regarde la scène et dit au malade : « va en paix, tu es déjà rétabli ».
En même temps, une maman se présente avec son enfant portant le même cas. Le docteur prend l’enfant et dit à la maman les mêmes mots : « N’aie pas peur, ton enfant recouvrera sa santé. » Après quelques heures d’intervention, le docteur remet l’enfant bien guéri à sa maman. Et la maman jubila de joie. Le docteur leur dit : « Maman, allez en paix, votre fils s’est rétabli ».

Une maman porte son enfant macrocéphal après l'opération



          L’annonce de ces deux interventions réussies avec succès se propage à la cité comme une traînée de poudre. Le lendemain, beaucoup de gens ont pris d’assaut l’hôpital Notre Dame ; certains, très curieux de voir cet homme qui réussi à rendre les malades désespérés de leur état la joie inattendue ; d’autres encore accompagnent leurs frères malades pour subir l’opération. Le docteur continua sans gêne ses interventions et acheva au bout de deux jours tous les cas enregistrés.
          Avant de prendre son avion pour une autre destination, le docteur vient à la direction de l’hôpital présenter ses adieux en ces termes : « J’ai opéré dix personnes, j’estime que pour l’hôpital, cela coûtera 30 dollars par opération. Moi, je vous donne 300 dollars pour l’ensemble de cas intervenus. Votre docteur qui m’a assisté dans ces opérations acquiert déjà une expérience. Il pourrait, dans mes prochaines visites, m’aider et commencer même à opérer tout seul. Je vous dis au revoir ! »


Une maman avec sa fille ayant le "bec de lièvre" après l'opération.



          Au mois de février 2013, le médecin chirurgien nous revient. Avec un large sourire aux lèvres, il me dit : « appeler tous les gosses macrocéphales. Je viens cette fois pour les opérer !! Sans hésiter cette fois, séduit surtout par ses prouesses chirurgicales du mois de novembre passé, le communiqué sur son retour fut passé à la messe et il fut large écho en telles enseignes que le lendemain matin, l’hôpital était envahi par les enfants aux lèvres fendues et les enfants macrocéphales accompagnés de leur maman.
          Les mamans scrutent le docteur avec stupéfaction et s’interrogent au fond de leur cœur : « Pourrait-il guérir nos enfants macrocéphales ? » Le docteur regarde toutes ces femmes désespérées et leur dit : « Soyez sans crainte, les mamans,, vos enfants recouvriront sans doute leur gaieté ».
          Le premier cas d’intervention était cette fois celui d’un enfant macrocéphale. L’opération réussit avec grand succès et l’enfant sort de la salle d’opération revigoré. Toutes les mamans crient de joie à la vue de ce succès. Elles s’agenouillent devant le docteur pour lui exprimer leur toute satisfaction. Le docteur leur dit en souriant toujours : « Allez en paix, chères mamans ! ». Il continua son travail sans heurt et l’acheva au bout de quelques jours.
          Avant de s’envoler, le docteur rejoint la direction de l’hôpital pour des civilités. Pour chaque intervention, je viens payer 30 dollars. Mais laissez moi vous dire une chose très capital, martela-t-il avant de continuer, je suis très content ici, les gens sont contents de moi aussi, cela me réjouit davantage. L’amour de Dieu est grand. La prochaine fois, je serai avec vous pour opérer les cas de goitres. Votre docteur pourra intervenir tout ce qu’il m’a assister faire. Ainsi, la gloire de Dieu descendra sur la population de Bumba tout entière. C’est en ce terme de bienveillance que cet homme nous quitte.
          C’est la toute première fois de voire un tel événement depuis notre lointain séjour en cette terre de Bumba. Dieu est grand, très grand donc…

                                                      Père Carlos Rommel





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire