Bancarisation
ou expédition punitive ?
Bancarisation, ce néologisme qui
apparait comme un leitmotiv dans le chef de moult congolais aujourd’hui, n’est
qu’une des politiques de gouvernement de Matata Ponyo dans le cadre du
développement de la modernité, dit-on, visant à payer individuellement les
agents de l’Etat par voie bancaire.
Cette politique de paie expérimentée
à Kinshasa a semblé donner des résultats très probants, selon nos sources. Ce
qui n’est pas le cas en provinces, précisément dans la province éducationnelle
Equateur IV à Lisala où l’aventure a sombré les enseignants des écoles
bancarisées dans une désolation affreuse : trois mois de non paiement de
salaire.
Les enseignants desdites écoles
vivant aujourd’hui les rudes années de l’époque mobutiste où l’on comptait 60 à
70 jours pour toucher le salaire
mensuel. Sur cette page noire, les enseignants les plus martyrisés sont ceux du
Collège Notre Dame de Bumba du Père Carlos Rommel, missionnaire scheutiste
belge. Ces enseignants totalisent aujourd’hui trois mois de non paiement :
bancarisation, croisade ou expédition punitive contre les enseignants du Collège
Notre Dame.
Qu’est-ce qui se passe au juste avec
ces enseignants du Collège Notre Dame dans cette fameuse politique de
bancarisation ? Pour une petite histoire, depuis la paie de janvier 2013,
les enseignants du Collège Notre Dame de Bumba, la meilleure école de la
province éducationnelle Equateur IV, district de la Mongala, province de l’Equateur,
n’ont pas encore touché leur rémunération.
Les enseignants du Collège Notre Dame,
comme tous les autres enseignants des écoles conventionnées catholiques du Congo
en général et du territoire de Bumba en particulier, recevaient depuis quelques
années leurs salaires par l’entremise de l’organisme catholique dénommé CARITAS
qui a obtenu cette faveur du gouvernement congolais.
Mais, à partir de mois de février
2013, les choses se compliquent pour les enseignants du Collège Notre Dame. Ils
sont surpris de voir leur école rayée sans aucune forme de procès de la liste de
paie de mois de février 2013 de CARITAS via la coordination des écoles conventionnées
catholiques de Bumba.
Les raisons avancées par le Service
de contrôle et de paie des enseignants, SECOPE en sigle, relèvent, si l’on croit
Monsieur Bilale Christophe, le Point Focal de ce service dans le district de la
Mongala, du système de la paie bancarisée qu’effectue le gouvernement congolais
pour aboutir à la maitrise des effectifs réels et fiables des personnels
payés par le gouvernement.
Mr Bilale Christophe, le Point Focal de SECOPE à la province éducationnelle Equateur IV "Ayez vos apaisement..." |
Mais, qu’est-ce qui fait que toutes
les écoles conventionnées catholiques de Bumba,
continuent à bénéficier de la paie de salaire comme traditionnellement effectuée
par CARITAS, à l’exception du seul Collège Notre Dame de Bumba ?
« C’est par erreur qu’on a
associé le Collège Notre Dame dont l’adresse résidentielle est Bumba à la liste
des écoles de Lisala, le Chef lieu de District de la Mongala », nous a
informé le Point Focal de SECOPE.
Et comme le territoire de Lisala,
renchérit-il, n’a pas une banque commerciale, c’est pourquoi l’institution
bancaire dénommée RAW BANK, qui est partenaire du Gouvernement congolais pour
la paie nationale bancarisée de ses fonctionnaires, a sollicité l’appui de AIR
TEL, une des agences de télécommunication en RD Congo, dans son service
concerné de paie, AIR TEL MONEY, pour assurer la paie bancarisée des
enseignants vivant dans le reste du pays où ne sont pas implantées les
institutions bancaires.
Ce dernier service, poursuit le Point
Focal, s’est déjà mis à payer les salaires de mois de février et de mars aux
enseignants de Lisala, puisque ceux-ci se sont déjà faits enregistrer au près
de Raw bank, chose que les enseignants du Collège Notre Dame n’avaient pas
encore faite jusqu’au 18 avril 2013.
Finalement, c’est ce 18 avril 2013
que Airtel venait d’envoyer aux enseignants du Collège Notre Dame des
formulaires de la RAW BANK pour les remplir alors que ceux de Airtel remplis
depuis le 16 février de la même année. Un écart délibéré de deux mois pour un
simple remplissage des formulaires ayant trait à la bancarisation. Qui de
Airtel, de Raw Bank, du gouvernement auteur de cette cacophonie protocolaire
pourtant élémentaire ?
Maintenant que les deux formulaires
sont dûment signés par les pauvres enseignants au nom de la bancarisation, qu’attend
Raw Bank ou Airtel pour débloquer ce salaire de trois mois des enseignants du
Collège Notre Dame ?
De surcroit, cette politique au stade
expérimentale n’ayant pas réussi à payer à temps opportun les enseignants de
quelques écoles de Lisala bancarisées, qu’adviendra-t-il si cette bancarisation
s’hasardait à étendre son action sur toutes écoles de l’Equateur IV, une partie
de la grande province de l’Equateur ?
Ce qui est bon pour Kinshasa ne peut
pas nécessairement l’être pour les provinces. CARITAS ayant séduit les
enseignants par sa ponctualité dans la paie reste maître du jeu sur terrain.
Dès le 20 déjà du mois, les enseignants ont leur salaire sans la moindre
retenue alors que ceux du Collège Notre Dame exceptionnellement croupissant, au
nom de la bancarisation, initiative malheureuse et incongrue du gouvernement,
dans une misère sans nom.
Que le gouvernement congolais prenne
ses responsabilités en s’évertuant à tout prix à porter satisfaction aux cris
de détresse lancés par ces pauvres enseignants du Collège Notre Dame. On ne
peut remplacer le mal par le pire au nom de développement de la modernité.
Antonio
Lisuma.
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