Comment
peut-on détruire un pays doucement ?
Réfléchissons
un instant avec le Professeur José Mangungu Ekombe Endambe
Et
réagissons…
Professeur José Mangungu Ekombe |
Tout acte posé par un groupe ou par
individu produit des effets positifs et négatifs, prévus ou imprévus, immédiats ou tardifs. Il est à
noter qu’il n’y a pas de faits sans effets, même si ces effets nous laissent
indifférents ou si nous ne les percevons pas. Il convient de savoir que
l’absence d’actions ou de réactions devant certaines situations peut aussi avoir
des conséquences, parfois très fâcheuses sur l’individu, sur son groupe et sur
son milieu. Un groupe ici peut compter quelques individus ou englober toute la
population d’une région ou d’un pays,
Voyons comment à l’aide de quelques
exemples, l’action ou l’absence d’actions, voire l’absence de réaction face à
certaines situations, pourraient générer des conséquences imprévisibles dans la
marche d’un pays lorsque les esprits sont profondément préoccupés en majorité,
par tout autre chose que les plus importantes. La situation ainsi créée n’est
souvent pas perçue comme la conséquence directe ou indirecte d’actions, de
réactions ou d’absence des deux dans un milieu. Ce milieu peut être un pays
tout entier.
Quand vous aurez à gouverner
votre pays, tout sera à votre portée et ce sera à vous de décider.
Par exemple :
·
Si vous voulez faire de votre pays un mendiant international, c’est
simple : gérez mal les finances publiques, appliquez méthodiquement le
favoritisme, le tribalisme, la corruption, le vol de l’argent et des biens de
l’Etat, l’impunité ;
·
Si vous voulez obtenir un peuple
complétement idiot, un peuple inconscient, irresponsable et ignorant, payez mal
les enseignants - de la maternelle à l’université- ;
·
Si vous voulez voir l’Administration de l’Etat
corrompue, tracasserie, nuisible au plus haut point, inefficace et parfaitement
inutile au développement du pays, payez mal les Fonctionnaires de l’Etat ;
·
Si vous voulez une armée faible,
défaillante, une armée prête à trahir la nation au profit de l’ennemi :
négligez son équipement de combat, son intendance ; découragez la bravoure
et la compétence dans ses rangs et payez mal les militaires ;
·
Si vous voulez perdre votre pays ou une
partie de sa superficie, négligez l’état des routes et des ponts car, en cas
d’invasion militaire, votre propre armée sera incapable de déplacer ses troupes
et de repousser l’ennemi hors de vos frontières ;
·
Si vous voulez trahir votre peuple et vendre
votre pays, aimez démesurément l’argent, le pouvoir et la popularité ;
·
Si vous voulez participer à l’augmentation
des prix des denrées alimentaires et autres marchandises, désorganiser
l’économie de votre pays, laissez les voies de communication se délabrer
tranquillement dans l’indifférence totale ;
·
Si vous avez envie d’empêcher vôtre peuple
de réfléchir mûrement sur son sort et de trouver des solutions adéquates à sa
situation, entrainez-le dans une distraction effrénée, partout et à tout moment
du jour et de nuit ;
·
Si vous voulez affaiblir votre nation, semez
la division en tous genres : tribalisme, sectaire, sociale, politique…
·
Si vous voulez protéger et encourager les
malfaiteurs dans leurs activités préjudiciables, payez mal les salaires des
Juges qui siègent dans les Cours et Tribunaux ;
·
Si voulez assister à la dégradation des
mœurs, à l’abandon des valeurs qui fondent et qui sauvegardent votre société,
entretenez la population dans la pauvreté par tous les moyens possibles ;
Route mal entretenue dans le tronçon Bumba - Lisala |
·
Si vous gardez le peuple dans la pauvreté,
il vous obéira au doigt et à l’œil, il se prostituera devant l’argent, même
devant celui de l’ennemi qui convoite les richesses de votre pays et qui rêve
de s’emparer astucieusement en vous ruinant :
·
Si vous voulez voir les voyous à peine
arrêtés et aussitôt remis en liberté et qui narguent avec arrogance les
paisibles citoyens, victimes de leurs délits et crimes, payez mal les policiers
et les gardiens des prisons ;
·
Si vous voulez éteindre le génie en
gestation de la jeunesse de votre pays, et si vous voulez empêcher les
enseignants de mieux préparer leurs cours – toute quiétude – et les élèves de
réviser leurs leçons – dans les meilleurs conditions – autorisez la musique et
autres tapages partout dehors, en plein air, tous les jours, depuis le matin
jusque tard dans la nuit ;
·
Gouverner mal votre pays, personne ne
l’aimera vraiment, même pas ses propres fils et ses propres filles qui ne
chercheront qu’à le quitter pour aller vivre mieux à l’étranger. Pour ceux qui
y restent, ce sera alors le règne de chacun
pour soi et de la mendicité pour tous,
un règne écrasant sur votre population affaiblie, affamée, misérable et très
appauvrie.
Lérosion ronge petit à petit l'avenue du fleuve, au bord du fleuve Congo |
·
Un peuple sans fierté d’appartenir à une
nation digne d’éloges est un peuple complexé, vaincu et méprisé dans le
monde ;
·
Un peuple adversaire de lui-même s’expose à
l’autorité de l’étranger qui comblera ses besoins là où l’Etat est défaillant.
Le pays deviendra alors une colonie
internationale. A propos, ne jamais oublier que la main qui donne est celle qui commande. En tant que colonie internationale, dites adieu à
vos richesses, à votre indépendance, à votre dignité humaine et patriotique.
Propos recueillis par Antonio
Lisuma
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