mardi 25 août 2020

Situation catastrophique du secteur de Yandongi dans le territoire de Bumba


Situation catastrophique du secteur de Yandongi

dans le territoire de Bumba


Le secteur de Yandongi, tout comme les cinq autres secteurs du territoire de Bumba, connaissent depuis belle lurette une situation économique catastrophique et déplorable, laquelle situation nécessite une urgente et particulière intervention de la part des autorités tant provinciales que nationales et même internationales. Toutefois, la participation paysanne locale pour son redressement économique reste très souhaitée.

Il faut traverser
Selon le récit fourni par un habitant de Yandongi, l’agronome Germain Alembi Kumu Egoni, ressortissant du village Yandongi-Monene dans le groupement Yambuku au secteur de Yandongi, avec qui nous cheminerons dans cet article, la situation est devenue tout aussi invivable d’autant que tous les paramètres du développement socio-économico-politique sont au clignotant rouge : pas de route, pas d’accès ni à la santé, ni à l’eau potable, pas de politique agricole…

Né vers la fin de l’année 1950, l’agronome Germain Alembi qui a passé toute sa vie dans le secteur de Yandongi reste un incontestable témoin de tous les évènements qui s’y sont succédé durant les périodes allant de la fin de la colonisation belge jusqu’à nos jours.

Les autorités coloniales belges, qui avaient sans doute une vision assez nette du développement socioéconomique de la colonie à l’époque, avaient construit et aménagé des routes qui désengorgeaient ce vaste secteur de Yandongi. L’on sentait également la participation massive de tous les autochtones à la cause du développement malgré les résistances de certains récalcitrants, qui d’ailleurs étaient  vite contraints par tous les moyens de changer d’avis, et de se ranger aux côtés des autorités coloniales.

Cela devient très difficile
Les ouvriers travaillaient habituellement à la main à l’époque, sans une quelconque intervention des engins ni d’autres machines de construction ; les routes étaient partout bien entretenues, vu la bonne politique de maintenance et d’entretien routier en exercice. En conséquence, l’on pouvait aisément circuler à bord d’une voiture, si petite soit-elle, dans tous les secteurs du territoire de Bumba et même vers d’autres milieux de la colonie congolaise.

Les autorités coloniales belges veillaient également à la mise d’une bonne politique agricole en faveur de la population paysanne pour la promotion de l’économie des  colonisés. On se rappellera la rigueur avec laquelle l’un des derniers Administrateurs belges de territoire de Bumba, Monsieur Gérance, et son compatriote belge l’Agronome Laby, imposaient à la population pour une bonne production agricole.

Elles se déplaçaient en tout moment, entrainant à leur suite les juges coutumiers, le chef de secteur et le chef de groupement  pour suivi et contrôle de différentes tâches assignées à chacun des paysans, à savoir : réparer les routes, couper les mauvaises herbes, améliorer les cultures…

L’Etat colonial venait en aide aux agriculteurs et fermiers ; il leur allouait des redevances et autres matériels tels que houes, bèches, machettes, limes, etc., et leur accordait des primes et autres gratifications significatives pouvant les motiver à la poursuite de leurs activités champêtres. Chaque paysan avait sa culture, et celle-ci se diversifiait d’une région à l’autre selon les traditions et les réalités du sol et du milieu. Et ceci aboutissait à la diversité des cultures. L’on pouvait compter les productions de café, de cacao, du riz, du maïs, de l’huile de palme, etc. 

Les entreprises commerciales telles que Nogueira et Griza accédaient partout dans les recoins du secteur par leurs véhicules, car les routes étaient très bonnes pour permettre à leurs usagers d’évacuer les produits agricoles et d’élevages. Ce qui encourageait les agriculteurs et les fermiers à produire et à économiser davantage. L’économie était donc très florissante ; il n’y avait pas de crise très ressentie comme aujourd’hui.

Des sanctions sévères exprimées par des amandes avec emprisonnement étaient infligées à quiconque fuyait les travaux de route et de champ ! Le Conseil du territoire assurait le contrôle de la caisse de l’Etat, et le salaire était suffisant et régulier pouvant permettre aux cultivateurs de nouer les deux bouts de mois. 
La catastrophe

Mais depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, et les troubles politiques qui s’en sont suivis, ainsi que de mauvais régimes dictatoriaux qui s’y étaient installés,  cette politique de rigueur dans les constructions et l’aménagement de route, ainsi que la politique obligatoire de l’agriculture pour tout le monde ne sont plus observée.

Le président Mobutu avait vivement souhaité prioriser le secteur de l’agriculture par rapport à la production minière, car celle-ci occupait la première place. Elle s’évaluait à plus de 60% dans l’économie du Zaïre. Tout son effort limité au simple slogan avait sombré et jeté dans les oubliettes, car il y manquait du pragmatisme malgré ses très bonnes intentions dans le domaine agricole. En outre, sa politique de zaïrianisation a tout détruit de fond en comble. Et depuis, rien n’a marché. Tout était détruit.

La même situation chaotique a atteint des proportions inquiétantes pendant les deux autres régimes d’insécurité des Kabila sénior et junior qui se sont succédé au pays.
Nous sommes passés !!!!

Aujourd’hui, il n’y a plus aucune route pouvant désengorger le secteur de Yandongi et permettre la circulation des véhicules et des marchandises ; les seules personnes qui se débrouillent encore sont des cyclistes, rare sont les motocyclistes qui tentent tant bien que mal de transporter des sacs de maniocs et autres produits agricoles ou manufacturiers, mais non sans détruire leurs propres vélos ou motos !
Préparation pour un champs de riz.

« Quel avenir en perspective pour notre beau territoire de Bumba en général, et notre secteur de Yandongi en particulier ?», s’est exclamé notre pauvre agronome.

Actuellement la population souffre, les paysans ne savent plus quoi faire ; ils ne peuvent plus cultiver de grandes étendues car les produits ne seront pas évacués faute de routes ; à quoi bon fournir tous les efforts lorsque les produits agricoles ne sont pas évacués vers les marchés importants, et qui, du reste, se vendent plutôt à bas prix ?

En plus, l’Etat ne fournit aucun effort pour redonner de l’espoir aux paysans ou aux pauvres cultivateurs, aucune initiative pour réparer et entretenir par exemple les routes de dessertes agricoles, ou pour octroyer des redevances ou des subsides en espèces sonnantes et trébuchantes ou en matériels de travaux de l’agriculture comme bèches, houes, machettes, limes … Au contraire, l’Etat inflige sans vergogne des taxes significatives et impitoyables sur tout vélo des pauvres paysans ou autres « tolekistes » « kwamouteurs » qui se débrouillent encore en tentant tant bien que mal la longue et pénible tâche d’évacuation des produits champêtres ci-haut énumérés.

Bon courage mes amis.
Tous les projets entrepris et financés à travers le gouvernement congolais pour relancer l’agriculture et l’élevage dans le secteur de Yandongi comme PRAPE (Programme de relance agricole dans la province de l’Equateur), et PARRS (Projet d’Appui à la Relance et la Réhabilitation du Secteur Agricole), etc., ne marchent pas car soit l’argent est en grande partie détourné, soit il y manque un organe permanent de contrôle et de suivi.    

Terminons cette approche par la revendication majeure de la population de Yandongi qui veut de plus en plus sortir de ce carcan dans lequel elle est enfermée. Celle-ci a ce souci majeur : 

Ø  Que l’Etat s’occupe de façon permanente et significative à la construction et l’entretien des routes de desserte agricole.

Mission de Yambuku, (secteur Yandongi) où l'ébola virus a commencé en l'année 1976 
Ø  Que le gouvernement intervienne par l’installation d’une politique de relance agricole pragmatique permanente, nationale ou internationale, où les agriculteurs auront à bénéficier des subsides ou redevances ou encore des primes d’encouragement pour leur permettre de produire davantage des produits agricoles ou d’élevage.

Ø  Que l’Etat facilite la présence des marchés importants pour l’achat ou l’évacuation des produits agricoles…

                                                                          Antonio Lisuma






1 commentaire:

  1. Merçi pour toutes ces informations cher Professeur Antonio Lisuma. Vos récits sont souvent si intéressants.

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